La résidence de Bénédicte Belpois à Brive

Bénédicte Belpois, Prix des lecteurs de la Ville de Brive 2019 pour son premier roman Suiza, paru chez Gallimard, était en résidence d’écriture à Brive en février. Alors que doit sortir le 8 avril son deuxième roman Saint Jacques, toujours chez Gallimard, Bénédicte Belpois était venue travailler  sur un troisième ouvrage.

suiza« Le truc du siècle ! » Bénédicte Belpois se souviendra longtemps de cet appel reçu le 18 janvier 2018 à 18h45. A l’autre bout du fil, la maison d’édition Gallimard séduite par le premier roman que la sage-femme leur a envoyé, poussée par son compagnon.

Au téléphone, elle cherche « quelque chose de suprêmement intelligent à dire pour laisser une marque indélébile » à son interlocuteur, se souvient-elle amusée. Ce n’est pas venu. De toute façon, son livre parlait pour elle. Suiza raconte l’histoire d’amour puissante, presque dérangeante, entre deux êtres abîmés par la vie. Loin du politiquement correct, encore plus loin de la bluette. Sorti en Folio l’année suivante, le livre a assurément rencontré son public. « Souvent, je dis que je suis une madame tout le monde et que lorsque ça me plaît, il y a des chances que ça parle à d’autres ! Moi, ce qui m’intéresse, c’est de faire du vrai, donner une voix à ceux qu’on n’entend pas, montrer ce qui n’est pas montrable. »

Pour un premier roman, c’était un coup de maître ! D’où le sentiment d’angoisse qui a point au moment d’écrire le suivant. « Je n’ai pas l’angoisse de la page blanche, mais celle de la page nulle », lâche spontanément la jeune écrivaine, sage-femme depuis 30 ans.

Saint JacquesSaint Jacques qui paraît chez Gallimard le 8 avril est une histoire d’amour, encore ! «Je pense savoir n’écrire que sur ça ! Le sentiment amoureux me transcende. »  Elle ouvre une parenthèse. « J’ai la chance d’avoir un grand bureau et quand je raccompagne mes patientes et patients jusqu’à la porte, je leur demande toujours s’ils sont heureux ou malheureux dans leur vie. Chaque fois, je suis stupéfaite de les entendre me raconter leur joie extrême ou leur profonde détresse. Les gens savent parler de leur histoire d’amour. » Une pause. « Ce n’est pas simple d’aimer… »

L’amour sera encore au cœur de son troisième roman sur lequel elle vient travailler à Brive ce mois-ci. Ecrit comme les deux précédents en un seul jet et très rapidement, ce texte est fin prêt. Tout est là. « Mais ce n’est encore que de la pâtée ». Reste « l’intervention chirurgicale », le travail au mot près. Une partie plus laborieuse et lente dont elle raffole. « Chez moi, je marche pour trouver le bon mot. C’est prodigieux de trouver le mot exact qui vient dire sa pensée », s’impatiente-t-elle déjà, d’autant qu’il lui tarde de pouvoir s’y consacrer pleinement.

« La résidence, c’est Byzance ! J’imagine de me lever tôt pour travailler à fond le matin. » Mais rien ne lui interdira non plus de mettre son « réveil à 2h du matin quitte à faire ensuite une sieste à 6h. Le temps est un vrai luxe ». Patiemment, elle va le mettre à profit pour ciseler son texte…  « Jusqu’à ce qu’il me sorte par les yeux, que je le connaisse par cœur et ne puisse plus du tout le lire. » Alors l’écrivaine et sage-femme saura que c’est fini, « que c’est l’heure pour le roman, comme un enfant, de vivre sa propre vie. »