Pierre Ménard

Le temps n’efface rien. Ni la haine ni la colère. Au contraire, il les attise, les systématise. La mort ne résout rien est le récit d’une vengeance qui cache son nom, qui cache son visage aussi. Construit sur différentes temporalités et typologies, ce roman s’aventure sous la surface des choses, derrière les apparences. Une plongée dans ce que la nature fait de plus beau, tel le gouffre de Padirac sublimé par Ménard, et dans ce que l’homme fait de plus laid.

Le roman s’ouvre devant la maison de la famille Ercolani à Viroflay, dans les Yvelines, en novembre 2010. Delphine Lacour, en trouvant les volets fermés de ses voisins ce matin-là, a tout de suite compris que quelque chose de grave venait de se produire. Patrick et Martine, les parents, et Sophie la cadette, sont morts. Seule Laura, l’aînée, a réchappé de justesse à l’intoxication au gaz qui a décimé sa famille. Accident domestique, meurtre déguisé, suicide ? Que s’est-il passé dans la maison de cette famille a priori sans histoires…

A priori seulement.  On comprend vite que Delphine, proche de Martine, n’a pas tout dit aux enquêteurs du SRPJ de Versailles. Depuis quelque temps, Patrick n’était plus que l’ombre de lui-même. Directeur commercial surinvesti dans son travail et aux prises avec un chef aussi tyrannique que malhonnête, Patrick s’est retrouvé en burn-out, funeste spirale à l’issue fatale.

Changement de décor. Quelques pages plus loin, nous voici 8 ans plus tard à Martel, dans l’agence immobilière d’un certain Antoine Bressac installé depuis deux ans et demi dans cette petite vie paisible. Tout est calme, en tout cas jusqu’à ce que Lydie Grondin passe la porte de son agence. Nouvelle guide dans le gouffre de Padirac, elle est à la recherche un appartement à louer. Belle, intelligente avec juste ce qu’il faut de mystère, Antoine Bressac tombe instantanément sous le charme de cette inconnue. Mais il le comprend vite, il devra s’armer de patience. Lui, déjà si avide de réussir et de s’offrir la vie qu’il est sûr de mériter, devra jouer le jeu de l’irrésistible jeune femme. Mais qui joue le jeu de qui ? Car, dans ce roman, nombreux sont les personnages à ne pas jouer franc jeu…

Que cherche vraiment cette mystérieuse Lydie, aussi troublante que séduisante ? Et quel est le lien entre Delphine qui se met en tête de découvrir coûte que coûte les raisons qui ont précipité la mort de ses voisins et le flirt d’Antoine et Lydie à des kilomètres de là.

Sur fond de mal être professionnel, jeux de séduction et de pouvoir s’entremêlent dans ce thriller original et il faudra remonter loin pour trouver les racines du mal.

La mort ne résout rien, Pierre Ménard, éditions Lucien Souny, Plumes noires, octobre 2020, 240 pages, 6,90 euros.