Albert Moukheiber : Doutons !

La conférence d’Albert Moukheiber a fait salle comble le 5 mai à la CCI de Brive. Organisée par le Groupement de réflexion et de partage et l’association Actiif hypnose, en partenariat avec la Foire du livre de Brive, elle a été l’occasion pour le docteur en neurosciences cognitives de détailler quelques-unes des raisons pour lesquelles on ne devrait pas toujours faire confiance à son cerveau !

L’auteur de Votre cerveau vous joue des tours (éditions Allary, 2019) a ainsi balayé illusions d’optique, biais cognitifs, procrastination, stimuli ambigu… et fait l’éloge de l’incertitude : « Notre unicité, c’est la manière dont on stabilise l’ambiguïté du réel. » Complexe et passionnant !

Ce premier partenariat tissé par la Foire du livre de Brive devrait en amener de nombreux autres. Le commissaire général de la Foire François David a en effet annoncé en conclusion de la soirée la programmation d’autres événements à venir en dehors du temps de la Foire du livre. Pour que vive le livre tout au long de l’année à Brive !

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Entretien avec Albert Moukheiber :

« C’est un challenge pour moi de rendre les neurosciences accessibles sans perdre de vue leur complexité », assure Albert Moukheiber.
Quels thèmes cette conférence devait aborder ? « Comment change-t-on d’avis, pourquoi parfois cela nous est impossible ? Et comment savoir si les connaissances que l’on acquiert sont de bonne ou de mauvaise qualité ? » Autant de pistes à éclaircir.
Sans pour autant adopter une posture « solutionniste », il devait fournir quelques clés pour, sinon mieux vivre, du moins mieux comprendre les raisons qui nous gouvernent.

« Les sciences cognitives nées il y a un siècle cherchent à comprendre comment le cerveau fonctionne », rappelle Albert Moukheiber. Pour qu’elles se développent, il a fallu attendre des progrès techniques dont les premières IRM. « Un corps s’étudie par l’observation. Avec le cerveau, c’est différent. Le cerveau d’une personne morte n’est qu’une masse gélatineuse. On a encore tant à découvrir », lance ce passionné qui a abordé ce champ disciplinaire après avoir étudié la biologie et la psychologie.

Mais est-ce bien raisonnable de tout vouloir comprendre du cerveau humain ? Ne perd-t-on pas en mystère et donc en beauté ce que l’on gagne en connaissance ? « Le monde naturel n’a pas besoin de mystère. Le réel est suffisamment fascinant pour ne pas avoir besoin d’artifices. »
Est-ce à dire que nous n’aurions pas besoin de fiction et de littérature ? « Pour moi, le scientifique et le poète font le même travail. L’un nourrit l’autre. Rien ne les sépare. La manière qu’a le cerveau de découper le réel est dommageable. La littérature, l’art, la poésie, la fiction sont nécessaires et centrales pour le travail du scientifique. Par exemple, les sujets centraux que sont pour nous l’émergence de la conscience et le libre arbitre, la littérature nous invite à les penser. »