Lectures d’automne

debout les damnés de l'uber !Debout les damnés de l’Uber !, Charline Vanhoenecker, Denoël, 192 pages, 17 euros.

Savourer ces 80 chroniques pour affronter les rigueurs du XXIe siècle. Cyclo-prolétariat, flexisécurité, PMA post mortem, ubérisation, start-up nation : Charline Vanhoenacker dépeint avec délectation les travers et les vanités d’une société, la nôtre, qui court après la modernité comme un hamster dans sa roue.  

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le monde après mon grand-père - céline cousteauLe monde après mon grand-père, Céline Cousteau, Fayard, 192 pages, 18 euros.
Céline Cousteau n’a pas tout à fait vu ni vécu enfant, ce que l’ont vit et voit habituellement à cet âge-là. Petite fille du célèbre explorateur, elle a appris à ses côtés à plonger dans la mer à seulement 9 ans. Expéditions, plongées en Antarctique, voyages en Amazonie à la rencontre des indigènes, souvenirs à bord du Calypso avec son grand-père… Céline Cousteau livre tout. Le personnel et l’universel. Parce que tout est lié selon cette écologiste militante et documentariste. L’être humain, la nature, les animaux. Et il y a urgence. Alors elle reprend le flambeau.

les bons garçonsLes bons garçons, Pierre Adrian, Les Equateurs, 272 pages, 19 euros.
Plongez dans ce roman noir et envoûtant qui fait renaître l’Italie des années 1970. Les vacances d’été s’achèvent. Trois garçons des beaux quartiers rencontrent deux jeunes filles du peuple. Ils flirtent en voiture et dans les cafés. Ils ne vivent que dans l’attente de la prochaine soirée. Jusqu’à ce que les garçons invitent les filles dans une somptueuse villa du Circeo, rocher qui surplombe la mer Méditerranée… Pierre Adrian raconte Rome mais aussi la fin de l’enfance et le temps des dernières insouciances, la sensualité, la séduction quand elle bascule dans la violence et les lieux frappés de forces qui nous dépassent.

tous les marins sont des chanteursTous les marins sont des chanteurs, François Morel, Calmann-Lévy, 96 pages, 12,50 euros.
Connaissez-vous Yves-Marie Le Guilvinec ? Avant de tomber par hasard dans un vide-grenier d’Ille et Vilaine sur une vieille revue publiant une douzaine de chansons de ce marin et poète breton, François Morel non plus. Leur singularité a incité cet acteur, également chroniqueur et chanteur, à plonger dans la vie de ce pêcheur de morue disparu en mer en 1900 à l’âge de 30 ans. Avec l’aide de Gérard Mordillat et d’Antoine Sahler, François Morel redonne vie à son œuvre méconnue et voix à ses chansons oubliées.

71meFRhsA5LLa classe américaine, Michel Hazanavicius, Allary éditions, 160 pages, 10 euros.
Le film écrit et réalisé par Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette, diffusé le 31 décembre 1993 sur Canal +, déjà, était une parodie loufoque. Le livre s’inscrit dans la même veine. Il reprend l’intégralité des dialogues de cet ovni devenu culte et multiplie les notes de bas de pages qui valent le détour(nement)! Entre autodérision et érudition, La classe américaine, version papier, est hilarant et brillant.

les évasions particulièresLes évasions particulières, Véronique Olmi, Albin Michel, 512 pages, 21,90 euros.
Sabine, Hélène et Mariette. Elles sont les trois sœurs qui illuminent le dernier roman de Véronique Olmi. Une saga familiale passionnante qui, plantée dans la France des années 1970, racontent trois émancipations singulières.

Paris, mille viesParis, mille vies, Laurent Gaudé, Actes Sud, 96 pages, 11,80 euros.
Une déambulation nocturne dans un Paris étrangement vide où les époques et les êtres se croisent et s’entremêlent.
Entre art poétique et récit fantastique, l’auteur célèbre sa ville et se souvient, heureux d’être un parmi les hommes et de chanter, le temps d’une nuit, ces mille vies qui nous devancent, nous accompagnent et nous prolongent.

ce qu'il faut de nuitCe qu’il faut de nuit, Laurent Petitmangin, La Manufacture de livres, 198 pages, 16,90 euros.
Un premier roman bouleversant sur la relation père-fils. Il y est question de transmission, de déception surtout. La langue est précise, sobre. La justesse parfaite. Il n’y a pas à dire, La Manufacture de livres a le nez pour dénicher des talents bruts.

Les-Fleurs-de-l-ombre[1]Les Fleurs de l’ombre, Tatiana de Rosnay, éditions Robert Laffont–Héloïse d’Ormesson, 331 pages. 21,50 euros.
L’écrivaine à succès n’en est pas à son premier coup d’essai. Elle signe-là un roman dystopique et reste fidèle à ses thèmes de prédilection, l’empreinte des lieux et le poids des secrets. L’intrigue est addictive.

20302030, Philippe Djian, Flammarion, 256 pages, 20 euros.
Six personnages se croisent dans ce roman de légère anticipation. Que s’est-il passé pour qu’en dix ans le monde poursuive son travail de dégra­dation ? Est-ce par paresse, impuissance ou égoïsme que les membres de cette famille ont laissé s’abîmer leurs vies et le monde qu’ils habitent ?

lettre d'amour sans le direLettre d’amour sans le dire, Amanda Sthers, Grasset, 130 pages, 14,50 euros.
Ce 16 octobre-là, Alice n’aurait pas dû se retrouver dans ce salon de thé ni même entre les mains de ce masseur japonais. Leur rencontre est le pur fruit du hasard. Mais c’est lui qui pourtant va lui sauver la peau. Car il est vraiment question de cela. Lettre d’amour sans le dire est l’histoire d’un sauvetage, d’une reconstruction, d’une renaissance. Ce court roman, écrit sous la forme d’une lettre, est un bijou.

 le souffleur de nuagesLe souffleur de nuages, Nadine Monfils, Fleuve noir. 180 pages. 15,90 euros.
Franck, chauffeur de taxi, est triste parce que son chat est mort, que sa vie est monotone et qu’il est seul. Un jour, il reçoit l’appel de Louise, une vieille dame fantasque, qui l’attend avec sa valise devant sa maison, dont elle laisse la porte grande ouverte. Elle n’a pas l’intention de revenir et souhaite retrouver enfin le grand amour de sa vie.

 Buveurs_de_ventBuveurs de vent, Franck Bouysse, Albin Michel. 400 pages, 20,90 euros.
Ils sont quatre, nés au Gour Noir, cette vallée coupée du monde, perdue au milieu des montagnes. Quatre, frères et sœur, soudés par un indéfectible lien. Tous travaillent, comme leur père, leur grand-père avant eux et la ville entière, pour le propriétaire de la centrale, des carrières et du barrage, Joyce le tyran, l’animal à sang froid… Dans une langue somptueuse et magnétique, Franck Bouysse nous emporte au cœur de la légende du Gour Noir, et signe un roman aux allures de parabole sur la puissance de la nature et la promesse de  l’insoumission.