Le roman de Laurence Lacour éclot en résidence

Laurence Lacour, ex journaliste devenue éditrice, revient sur son mois de résidence d’écriture à Brive où elle a enfin pu consacrer l’intégralité de ses journées à son premier roman. Un temps d’abord vertigineux que l’auteur d’enquêtes de société a su apprivoiser.

Depuis qu’elle tenait son sujet, l’auteur, également éditrice, ne pouvait s’y consacrer plus de deux heures par semaine. “Il m’aurait fallu 102 ans pour le terminer!”, sourit Laurence Lacour en repoussant sa frange. Cette résidence d’écriture, sa première, a été un moyen pour elle de s’arracher à son quotidien: “À la maison, il y a les enfants, le chien, le chat, les visiteurs… Ici, les conditions sont parfaites, il n’y a pas de bruit, pas de dérangement. C’est un cadre de vacances pour un mois de travail.

Un mois offrant un temps précieux qu’il a fallu apprivoiser. “Les deux premiers jours, je me cognais partout !” Dans les meubles autant que dans l’espace libéré pour la création. Passée la phase de boulimie de travail désordonné, Laurence Lacour a trouvé ses marques, organisant les 12 heures de travail qui s’offraient à elle dès le réveil.

Poser le contexte historique était le but premier de sa résidence. Elle y est parvenue au gré d’une bibliographie abondante dépiautée sous le tilleul du jardin de la maison mise à disposition par la Ville de Brive, mais aussi de films et d’archives audiovisuelles visionnés en boucle. Elle a donc choisi de poser ses valises fictionnelles en Irlande du Nord à la fin des années 1980 pendant la guerre civile.

Pourquoi d’ailleurs l’Irlande du Nord? Il lui est difficile d’expliquer précisément pourquoi. Elle se souvient y avoir passé des vacances vers 12 ou 13 ans avec ses parents, gardant la mémoire de blindés et de militaires. “Mais à l’époque, c’est comme si ça ne nous concernait pas.” Puis il y a eu la rencontre avec le fondateur d’Amnesty International, un Irlandais, à l’époque où elle était jeune journaliste. Elle avait oublié tout cela pendant presque 40 ans jusqu’à ce qu’elle redécouvre que “ces événements irlandais étaient derrière la porte de (sa) jeunesse“.

“J’ai une tendresse et une obsession pour ces années 1980.” Situer là son livre, c’est aussi retrouver la jeune femme qu’elle était alors et mieux comprendre ses propres orientations. Car dans ce roman, elle mettra évidemment un peu plus d’elle que dans les enquêtes de société écrites sur le sang contaminé et l’affaire Grégory. À 27 ans, elle en avait assuré pendant 4 ans pour Europe 1 “une couverture intensive et dévastatrice” qui l’avait menée à s’éloigner du journalisme.

Pendant la décennie suivante, Laurence Lacour a enseigné en école de journalisme le traitement du fait divers “pour mettre à profit mon travail de remise en question” et notamment collaboré à l’émission Arrêt sur images centrée sur la critique média. “L’écriture m’a beaucoup manqué.” Elle s’y replonge aujourd’hui avec bonheur. “Si j’arrive au bout de mon roman, j’espère pouvoir venir à la Foire du livre de Brive”, événement “mythique” qui résonne en elle depuis qu’elle est une jeune auteur.

De son travail en cours, elle ne dira rien de plus. Elle sait “la volatilité des sujets qui souvent vous échappent”. Quant au devenir des livres, leur rencontre avec le public, l’éditrice a bien noté que nombreux étaient les 524 livres de la rentrée littéraire à traiter de social et de migrations. Et elle sait pertinemment qu’a priori la guerre civile en Irlande du Nord n’est pas un sujet particulièrement porteur. A priori… D’expérience, l’éditrice sait aussi que la destinée d’un livre tient à “une alchimie particulière” et mystérieuse qui réserve souvent bien des surprises…